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en rouge la petite feuille de vigne qui cache le sexe, pas très avantageux je dois dire, d’un jeune coureur en marbre. Moi, plus modeste, moins réaliste, je me contente d’effleurer les agréables petits pectoraux de l’athlète.

Laissant cela, nous avançons de nouveau. Un massif de plus ; papa, galant, cueille deux géraniums qu’il nous offre, à Mado et à moi. Comme il est charmant, et comme il nous plaît. Comme il plaît à Mado, surtout.

Elle s’appuie à son bras, se fait lourde et je devine que lorsqu’elle peut lui offrir un sein, elle ne s’en prive pas.

Nous nous sommes complètement enfoncés dans l’ombre des massifs. Nous voilà invisibles. Voilà une occasion pour papa ; je le vois qui cherche une phrase.

— Écoute, petite, j’ai quelque chose à dire à Mado. Reste-là une minute, on revient !…

Je comprends qu’il veut que je fasse le guet ; je reste sur place, eux s’enfoncent davantage dans la zone d’obscurité. Je sais mieux que s’ils me l’avaient dit ce qu’ils vont faire. Je le sais, je les imagine, je les approuve et une curiosité me prend tout à coup, une curiosité irrésistible.

Ce serait trop bête de rester ici, il faut que je voie comment ça se passe. Pourquoi me priver, ça ne les gênera pas puisqu’ils n’en sauront rien.

Je marche sur la pointe des pieds, j’avance… Enfin, un murmure ; j’avance encore, cinquante centimètres par cinquante centimètres, jusqu’à ce qu’on puisse écouter les paroles.

Là ! voilà !… J’entends à travers le feuillage le bruit d’une chaise qu’on traîne sur le gravier. Ils ont dû rejoindre