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Je vois la main de papa qui serre un sein de Mado, qui fait semblant de le dévisser ou par dessus le manteau léger qui cherche avec l’index tendu la ligne qui sépare les deux fesses, le doigt qui descend la courbe comme pour l’enfoncer par surprise dans le petit trou interdit.

Mado rit aux éclats, excitée, toute consentante. Papa est charmant jeune, aussi jeune que ses fils. Il rit, il fait rire et de temps en temps sa voix devient grave, bouleversante.

Alors, il lui dit quelque chose à quoi elle répond, refusant vite, vite, comme pour se persuader elle-même qu’elle doit refuser.

Nous sommes sortis des arcades ; maintenant c’est les Tuileries, la partie des Tuileries qui n’est pas grillagée. Ça sent bon, ça sent l’herbe, ça sent la chaleur, ça sent la nuit d’été. Il fait beau, si beau, et moi qui ai emporté mon parapluie !

— Si on coupait par là ! fait papa.

Je veux bien, Mado aussi. Nous marchons dans l’herbe comme des collégiens. À quatre heures du matin personne n’ira nous infliger une contravention.

Nous sommes libres, heureux. Nous enjambons des massifs de fleurs qui dorment repliées sur elles-mêmes. Qu’est-ce qu’il y a comme statues suggestives quand on veut bien se donner la peine de regarder ! Comme art, ça laisse bien un peu à désirer, mais il y a des formes, ça, il y en a ! On ne s’ennuie pas !

Papa s’amuse à peloter les fesses d’une belle femme en marbre qui lui sourit en lui présentant un laurier. Mado, perdant toute retenue dépose un baiser. Un baiser qui marque