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— Moi, répond papa. Sa mère était une femme vraiment belle. Pulpeuse, comestible, avec des cheveux blonds qui lui descendaient jusqu’aux genoux et une taille qui ployait…

— Hum !… fait maman qui trouve qu’il exagère.

Papa se tait.

Trop tard. Nous avons compris. L’enthousiasme de père se rapporte à d’anciennes amours.

— Et Boby Blake, qui l’a invité ?

— Moi, réplique Claude, c’est un jeune Anglais, grand et blond, chasseur émérite et amateur de tout.

— Il est bien ? demandai-je, anxieuse.

— Tu parles, un beau mâle !

Eh bien, mon choix est fait ! C’est Boby qui aura ce que personne n’a jamais eu de moi.

J’ai dix-huit ans. Dans cette maison baignée d’érotisme où tout le monde aime, parle ou écrit sur l’amour, seul un préjugé stupide m’oblige à demeurer vierge.

Si l’amour est si doux, pourquoi m’en passerais-je ? Et puis… et puis… aurais-je besoin de le dire aux autres, que je connais le plaisir ?…

Il y a tant de choses que je leur cache.

Me voici dans ma chambre dont j’ai fermé la porte à clef. Je suis excitée. J’ai trop lu, trop pensé…

Comme ça se trouve. Chaque soir j’ai trop lu et trop vu de choses… Et je sais bien comment cela va finir.