Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 68 —

— Nous avons un rendez-vous déjà.

— Avec qui ?

— Avec Mado, dans un bar des Champs-Élysées.

— Bon ! Ne vous inquiétez de rien : je vais le décommander… À propos, ça marche toujours avec elle ?

— Plus que jamais !… c’est la fille la plus mignonne et la plus ravissante de Paris.

— En somme vous y tenez malgré toutes vos aventures à côté.

— Elle est si chic ! soupire Claude.

Depuis longtemps, je connais la liaison de mes frères avec la petite modiste qui me coiffe. Elle les aime bien, ils sont si gentils garçons, si gais !… mais enfin… peut-être… Une idée que je trouve splendide germe en moi… Aussi je ne décommande pas Mado.

Je vais chez papa. Il m’accueille comme à son habitude, avec sa tendresse de père habitué à être galant homme. Je le câline, lui gratte le bout du nez et rebrousse ses cheveux.

— Qu’est-ce que tu veux ? demande-t-il.

— Je voudrais sortir ce soir, dans un bar, avec toi, connaître un peu la grande vie, quoi !… Accompagne-moi, dis !…

Il se fait un peu prier, pour la forme, puis il accepte. Nous voilà donc tous les deux dans le bar où les jumeaux devaient venir, juchés sur de hauts tabourets et buvant du champagne. Bientôt Mado pousse la porte.