Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 64 —

Il y a leur odeur excitante, leur parfum, leur eau de Cologne qui est débouchée, leur pyjama sur le lit qui sent le jeune garçon.

Me voilà sommeillant à côté d’eux et je commence une vague rêverie molle et pas désagréable. Je suis étendue doucement sur le divan où l’on enfonce un peu, Antal couché d’un côté, Claude de l’autre, moi au milieu.

Et je me pose des questions. C’est une après-midi paresseuse et indulgente qui a l’air faite pour cela. Pour être étendue à trois et pour se poser des questions. Des questions bizarres. Que je n’oserais pas poser tout haut bien sûr. Des questions un peu sans suite, qui ne mèneraient à rien pour un psychologue, que rien ne semble avoir provoquées sinon, peut-être, cette après-midi troublante. Je sais bien qu’elles peuvent paraître obscènes ces questions. Comme les gens sont compliqués !

Je m’imagine très loin, à Tahiti (je viens de lire un roman qui se passe là-bas), vahiné dégagée de nos préjugés occidentaux, étendue sur la plage au sable doré entre deux inconnus qui sommeillent doucement. Et je me penche sur eux.

— Quelle est votre manière de faire l’amour, ô étrangers, et de combien de centimètres enfoncez-vous, ô étrangers, et combien de fois renouvelez-vous vos exploits, et dans quels coins solitaires, quand vous êtes seuls, satisfaites-vous vos desseins, ô étrangers ?…

Je me demande cela, couchée ici dans cette pénombre chaude et lourde. J’ouvre un œil et je vois à droite, à l’endroit précis du pantalon, le renflement adorable de la vi-