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— Je n’y avais pas pensé encore.

— Où est ton don Juan, me demande Stasia ?

— Regarde, à la quatrième table à droite.

— J’aime bien ce genre d’homme, avec ces yeux clairs fouailleurs et ces lèvres charnues. En général ils baisent bien !

Avant que j’aie le temps de m’interposer, elle lui fait signe. Il s’approche de nous.

— Nous avons l’air de deux grues, dis-je, fâchée, à Stasia.

— Ça ne fait rien. Il ne nous manque qu’une chose pour l’être : ne pas avoir d’argent !… Et puis… ici…

En effet, c’est une foire aux femmes. Elles sont nombreuses qui, fardées, aguichantes, assises sur les fauteuils confortables de ce bar équivoque, attendent l’aventure, un vague sourire flottant sur leurs lèvres.

L’avocat est devant nous.

— C’est fort gentil à vous de nous inviter, dit Stasia. Justement nous nous ennuyions…

— Où voulez-vous que nous allions ?…

— N’importe où !

— Partons !

Dans le taxi il écrase ses genoux contre les miens, pétrit une de mes hanches et me complimente spirituellement. Mais je boude. Les façons de Stasia me déplaisent.