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murs sont peints en bleus et verts dégradés. Sur les murs, des hippocampes, des méduses, des pieuvres, des poissons de toutes sortes, des coraux, des astéries dessinés avec un réalisme effrayant. Tous les meubles sont transparents. On se sent comme dans un vaste aquarium. Les divans, au dessus bleu pâle, sont entourés de plaques lumineuses. Un tas de petites pièces meublées avec fantaisie se suivent et partent de la loggia, qu’on atteint par une fausse échelle de corde.

Il y a foule quand nous entrons.

— Que d’eau ! que d’eau ! crie à côté de moi une voix que je connais.

C’est un des amis de Claude, un Américain fort excentrique et saoul comme à l’accoutumée. Il me saisit par le bras :

— Même le bar est un aquarium où il y a des poissons et de l’eau véritable.

— J’espère qu’on n’en met pas dans les verres.

— Un peu de whisky ? Venez en boire !

— Merci ! Trop fort pour moi !

— Allons, essayez !

Je bois, j’embrasse Stasia, une belle fille blonde de trente ans, parfaitement maquillée, vêtue de noir et couverte de bijoux. Elle est Russe, princesse et connue dans tout Paris par le nombre de ses amants. Claude et Antal ont eu ses faveurs à leur tour. Mais seulement une fois, car c’est chez elle un principe de changer souvent de partenaire.