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Et ma main est venue toute seule, et j’ai aidé mon plaisir. Mon doigt a pesé sur les bords de ma conque, il venait et s’en allait et mon pouce, un [peu] plus haut a cherché le monticule. Et tout à coup, [un] léger gémissement est venu à mes lèvres, j’ai mordu ma paume pour ne pas crier.

Je me suis levée, je me suis écartée, je me suis mise à cheval sur le bras du fauteuil et l’ai chevauché furieusement jusqu’à ce que la tête me tourne.

N’est-ce pas amusant que ce soit chez les deux vieilles tantes paisibles que mes émois se réveillent !

Je les plains de ne point connaître la volupté, aussi, en partant je les serre plus tendrement que d’habitude dans mes bras.

Me voici dans la rue. Rues de Paris, grouillantes, parcourues de frissons vivaces qui s’entrechevêtrent de désirs qui se croisent. Rues où l’on se sent vivre, guettée, où l’on est une proie promise on ne sait à quelles puissances.

J’entre dans un grand magasin et j’en ressors une demi-heure plus tard. J’ai plusieurs paquets dans les bras. Je suis heureuse comme une femme qui porte plusieurs petits paquets dans les bras et qui sort des Galeries.

Il fait bon. L’air a cette lumière spéciale qui n’existe qu’à Paris, ce que ma mère appelle, dans son œuvre littéraire ― elle n’en rate pas une ― un vrai ciel d’Île-de-France. J’ai envie de vivre et cela doit se voir, je marche comme telle.

Quand j’étais jeune fille, je marchais volontiers comme un gendarme, je serrais les fesses et j’avançais dur et sec.