En voilà un, en tout cas, un gentil échantillon.
Que vais-je faire de lui ? S’il me trahissait ! Le renvoyer d’où il vient ? La chose est faisable. Personne ne l’a vu venir. Mais cela c’est l’instinct idiot. Je reprends vite le dessus ; je vais le ramener moi-même à papa, ce sera farce ! Cette idée me met dans une jubilation intense.
Le temps a passé. De tous côtés des chasseurs apparaissent, ils rient, parlent, se félicitent. Je cherche mon père.
— C’est tout ce que tu as ? me demande-t-il, en regardant mes lapins. Tu n’es pas en progrès.
— Certes non… Regarde qui je te ramène !
Je suis gaie, gaie… Je chantonne : « J’ai baisé le fils à papa » sur l’air du « tra, du tra déridéra. »
C’est une idée qui me fait tordre. Au dîner j’en ris encore.
Je ris encore plus quand le docteur Laurès, ayant bouclé ses valises, vient m’annoncer qu’il s’en va.
— Docteur vous oubliez votre petit crayon bleu ! c’est utile, des fois on a besoin de souligner, pas, Docteur !
S’il n’avait pas un train à prendre, il me tuerait, cet individu !
Naturellement le dîner fini, je me précipite au petit endroit pour me branler. Cela se fête, ces aventures-là !…