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Je ne suis pas du tout endormie ; j’ose même dire que je suis très réveillée à un certain endroit. Je sens que je n’aurai pas besoin de me faire beaucoup la cour pour obtenir satisfaction. La minuterie s’éteint. Je ne m’y retrouve plus. Tant pis, je ne peux plus me retenir.

J’échoue sur une valise qui se trouve là, déposée dans le couloir, certainement pas pour cet usage. Je m’assois tant bien que mal, plutôt mal, n’ayant pas trop de place pour y poser mon petit derrière. Je ne sais comment cela se fait, mais d’être assise sur une moitié des fesses, l’autre moitié reposant dans le vide, cette pose augmente encore mon émotion. Cela me cambre, cela me tire…

Ma main se place automatiquement. Elle sait ce qu’elle a à faire, elle !

À ce moment une porte s’entrouvre, une voix chuchote :

— Je t’y prends, Florence, d’où sors-tu ?

— De chez Boby, dis-je machinalement.

— Et moi qui te croyais une vraie jeune fille !

— Chut ! ne faites pas de bruit !

— Alors, entre dans ma chambre !

— Dans votre chambre, vous n’y pensez pas ! Allons, pas tant de manières, surtout maintenant que je sais à quoi m’en tenir.

Une main nerveuse m’entraîne. Devant moi, net et moqueur, habillé d’un pyjama bleu, se tient un ami de papa, le docteur Laurès.