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après tout. Peut-être qu’il trouve même cela bien élevé de ne pas oser !

Que faire ?…

Un instant, j’ai la tentation de glisser d’autorité sa main à un endroit qui le renseignerait sur mes intentions. Tout de même quand il y aura mis la main, c’est bien le diable s’il n’y met pas le reste.

Si je lui demandais comme un service de vérifier si c’est exact ce qu’on raconte, car je me suis laissé dire que les filles ont à cet endroit… un petit… enfin… trou !…

Pour la troisième fois je prends sa main, puisqu’il paraît que cela doit commencer avec cet instrument-là. Je m’assieds sur le lit, je desserre les jambes, je m’ouvre un peu à l’intérieur.

Cette fois je sens nettement qu’on grimpe le long du genou, qu’on glisse, qu’on écarte… Ça y est… Je lève les yeux. Mon imagination est allée un peu vite, comme toujours. Boby est tout bonnement en train de s’endormir sans soupçonner mon vague à l’âme.

Je suis prête à le réveiller pour lui dire de vilains mots. À quoi bon ! Je me lève. Dans le miroir j’aperçois mon visage dont les yeux sont cernés subitement ; j’ai un peu l’air d’une noyée. Je sors en claquant la porte.

C’est moche, pensais-je… Pourtant je ne pouvais tout de même pas le violer… Je ne savais pas comment faire… C’est raté avec Boby. Moi, je ne me raterai pas. Je cours, je cours, dans le long, dans l’impatient couloir, très pressée d’arriver à mon lit et de me consoler.