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Il y a des mortels quy font les autres sages,
Car chacun ne peut pas suivre un mesme sentier :
Les uns naissent posez et les autres volages,
Mais le premier mechant rend sage le dernier.

La France se voyant trop plongée aux delices
Pour avoir son support sur un Mars belliqueux,
Delaissoit la vertu pour se donner aux vices,
Mais ce Mars la corrige au bien de nos nepveux.

Comme on voit le soleil s’obscurcir par la nüe,
Pour devenir après éclatant à nos yeux ;
Ainsy la France estant de tous ses vices nüe,
Se rendra plus celèbre et louable en tous lieux.

Ô ! que si ces mondains avides de richesses
Eussent consideré, armez de la raison,
Que le Ciel, quy voit tout, descouvroit leurs finesses,
Ils n’eussent pas brassé si grande trahison.

Mondains quy s’enyvrez des richesses du monde,
Allez, suivant les pas de vos predecesseurs ;
Apprenez que celuy quy aux grandeurs se fonde,
Se va précipitant au gouffre des malheurs.

Si j’osois exprimer combien j’ay de constance
Pour resister au choc du monde et des thresors,
Je me pourrois vanter d’estre Phenix de France,
Nay contre les assaults de tous mondains efforts.

Ce quy plus m’estonna après mon arrivée,
Fut ce nouveau Narcys de luy-mesme amoureux.