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religion de conspirer contre les roys, contre les princes, contre la noblesse, contre l’Eglise, contre la justice ; de pervertir les anciennes loix et statuts d’un royaume, et bouleverser tout s’en dessus dessoubs, à la confusion et ruyne des trois Estats, afin de chasser les enfans et heritiers de la maison pour y introduire et subroger des estrangers et mercenaires ; ou, ne pouvant attaindre à ce but, changer à tout le moins la plus belle, la plus ancienne et la plus florissante monarchie de la chrestienté en un Estat democratic et populaire. Voylà une plaisante secte d’union composée de quelques princes estrangers, poussez d’une ambition sinon loüable, aucunement probable, d’autant que, si violandum est jus, regnandi causa violandum est ; composée de quelques marrans23, de quelques saffraniers24, de quelques meschans garnemens, que la rigueur des loix y a jectez, ou le desespoir et la crainte du supplice les y retient ; gens que le bourreau court à force ; composée de quelques moynes affriandez à la chair que vous vendez à Paris, et de toutes sortes de vauneans et de la lye du peuple ; voylà, dis-je,


23. Ou marranes, nom injurieux donné aux juifs renégats, et par suite aux Espagnols, dont beaucoup passoient pour entachés clandestinement de judaïsme. Dans le dictionnaire françois-espagnol d’Oudin, Maranno s’entend pour chrétien de race juive.

24. Se prenoit pour banqueroutier, parce qu’il étoit d’usage de peindre de jaune leurs maisons, comme celle des traîtres. « Me voilà, dit quelqu’un de la Comédie de proverbes, me voilà réduit au bâton blanc et au saffran, le grand chemin de l’hospital. » Anc. Théâtre, t. ix, p. 25.