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poluées de paillardise jusques derrière le grand autel20 ; les eglises bruslées aux faux bourgs de Chasteaudun, et le Sainct Sacrement (chose horrible à penser) consommé par feu ; à Quinsy, près Meaux, l’eglise bruslée, et plus de soixante petits enfants bruslez dans le berceau ; à Montereau-faut-Yonne, à Charlotte-la-Gand, les eglises pillées et desnuées d’ornemens, calices, croix, reliquaires, et, comme disoit le poëte ferrarois21 :

Gittato in terra Christo in Sacramento
Per torgli in tabernacolo d’argento.

Que diray-je de Sainct Denys en France, où vous avez ruyné deux eglises qui estoient proches du rampart ; desrobé et enlevé le tresor de la grande eglise, que l’ancienne liberalité des roys de France y avoit amassé22 ; et de mesme dit-on que vous


20. Il s’agit des horribles scènes qui eurent lieu lors de la surprise des faubourgs de Tours en 1589 par les troupes de Mayenne. Henri III y courut grand danger d’être pris, et l’eut même été sans l’avis que lui donna un meunier qui pourtant ne le connoissoit pas.

21. Le Tasse.

22. Ces pillages à Saint-Denis furent commis en septembre 1589 par quelques compagnies albanaises et autres troupes que commandoient Rosne et La Bourdaisière, et qui avoient commencé par mettre à sac tout le pays d’alentour : Montmorency, Deuil, Choisy, Andilly, Montlignon, etc. « À Sainct-Denis, dit P. Fayet, pillèrent l’église du dict lieu et en firent une estable à chevaulx, tellement que l’on demeura longtemps sans y célébrer ne dire aulcune messe ; ils gasterent aussi la sé-