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ordonnez à son oingt, pour les donner à un rebelle estranger ? Est-ce pas vraye sorcellerie, après l’avoir taxé d’estre huguenot, de l’avoir aussi persuadé au peuple, luy qui a gaigné deux grandes batailles contre les huguenots6, y ayant exposé sa propre vie au danger ; qui a persécuté les huguenots tant qu’il a vescu, et les a hays jusques à la mort, quoy que vostre felonnie l’ay contraint de se jetter entre leurs bras, au moins entre les bras de son frère, le roy qui est à present, pour eslire (comme dit le philosophe) de deux maux le moindre ; luy, dis-je, qui estoit le plus catholique et religieux roy qui jamais ayt resté en France. Je ne veux prendre icy sa cause en main pour le deffendre de ce qu’on luy pourroit imputer touchant le gouvernement de son Estat, comme aussi ne voudrois-je estre si presomptueux que le blamer ou taxer, laissant la definition de ceste cause à Dieu, à qui seul appartient, et non à autre, la cognoissance et jugement des actions d’un roy, ou bonnes ou mauvaises qu’elles puissent estre ; mais seulement, pour le fait de sa religion, je dis et diray tant que je vive que la France n’a jamais eu roy plus catholique et religieux que celui dont nous traitions maintenant, ny plus sevère observateur des statuts de nostre mère saincte Eglise : les gens de bien qui l’ont cognu en rendront fidelle tesmoignage. Cependant vos langues l’ont ainsi persuadé au peuple, et incité un jeune moine (deshonneur de l’ordre S. Dominique) de le tuër proditoirement,


6. Les victoires de Jarnac et de Moncontour, gagnées en effet par Henri III, alors duc d’Anjou.