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depuis trois ans, et me semble que vous addresser, et non à autre, ceste replique, c’est à son point la chose approprier. Ce pauvre escorcheur d’ames me fait pitié en ses forceneries, la lecture desquelles me fait croire de deux choses l’une, ou qu’il est halené du vent de vostre chemise (comme sont plusieurs autres), ou empoisonné de vos sorcelleries, ou pour dire mieux de tous les deux ensemble ; ce qui n’est pas inconvenient, car vostre chair est la viande plus commune qui soit aujourd’huy dans Paris, comme il nous fait entendre là où il dit que, malgré les dragons du roy, la bonne chair s’y trouve à qui y veut employer l’argent, ce qui ne doit estre entendu d’autre chair que de la vostre, veu que les chairs de cheval et d’asne (qui sont vos viandes ordinaires) ne peuvent passer pour bonne chair : aussi que de long temps vous sçavez comment il la faut debiter, suivant la doctrine de don Bernardin de Mandosse4 :

A los Moros par dineros,
A los Christianos de gracia.

La sorcellerie puis après, qui est le principal de vos artifices5, est si commune en votre pays, que


4. Don Bernardino de Mendoza, ambassadeur de Philippe II à Paris.

5. Allusion aux pratiques de magie tentées par les ligueurs contre Henri III, et dont il est parlé dans le Journal de l’Estoille, en plusieurs endroits, et dans le curieux traité, La fatalité de Saint-Cloud près Paris, 1672, in-8. art. 8. On faisoit, par exemple, une image du roi en cire,