Page:Variétés Tome X.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il faisoit force bruit du battement de ses aisles, comme un cormorant gorgé de poisson quand il sort de l’eau. Ce livre ne portoit le nom de son père, et toutes fois il s’appeloit Manifeste ; l’on l’impute à un advocat qui de despit quitta le barreau et se mulcta luy mesme, et comme Icare de sa cheute signala la mer de son naufrage, s’etant mulcté luy mesme12, il en a pris son nom. Il fut plus heureux en robbe courte qu’en robbe longue, il se fist ambassadeur volontaire et sans charge, traffiqua de toille de Hollande et de plusieurs negoces, grand zelateur de la cause, si sçavant aux controverses qu’il faisoit la nicque à Tilenus13, jusques à disputer la palme du ministère, messager des grands de son party, furet de cour, passe-partout. Ce livre apologetique estoit brouillé d’un jargon funeste, injurieux, insolent, digne du poinçon de la loy Remnie14, un discours de renegat, d’un denaturé François, d’un parjure à sa nation, qui fait leçon publique en anglois, afin, par le barbarisme d’une langue baltique, de profaner la pureté de la nostre. Ce manifeste thrasonique, libelle de presomption, comme disoit le maistre ès arts, projicit ampullas, etc. Il


12. Malgré cette allusion assez transparente au nom de l’avocat à qui le Manifeste anglois étoit attribué, nous n’avons pu découvrir qui il étoit au juste.

13. C’est le grand controversiste protestant, le Silésien Daniel Tilenus, qui vivoit encore à cette époque. On l’accusoit d’avoir fait l’Anti-Coton, libelle alors fameux. V. le Borboniana, à la suite des Mémoires de Bruys, t. II, p. 271.

14. Encore un jeu de mots ; cette loi Remnie n’est invoquée que parce que l’auteur du manifeste avoit renié notre cause.