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Le cavalier, surpris d’entendre ces paroles,
De sa mourante bourse arracha ses pistoles,
——--Et, confus autant qu’interdit,
——--Les croyant prêter, les rendit.

« Toutes fois, continua le quadruple, si tu voulois être entierement satisfait, il te faudroit parler à tous ceux que tu viens de remettre dans ta bourse. Quand nous sommes seuls, comme je suis presentement, nous ne sommes pas propres à grand chose ni ne sommes point d’un fort grand entretien. Cependant, beaucoup de nous ensemble faisons tous les jours des choses incroyables ; et c’est en grande compagnie que nous avons contribué au gain de plusieurs batailles, à la prise de plusieurs villes imprenables, et à mille conquêtes amoureuses. » Il m’avertit même de bonne foi que, le plus souvent, la vertu des gens ordinaires n’alloit que du plus au moins4 ;

Que leur grand nombre avait des charmes si puissans,
Que souvent la plus prude, et que le plus habile,


4. Isarn, qui étoit très-magnifique dans ses courts amours, savoit mieux que personne le pouvoir des pistoles bien employées pour la conquête d’un cœur. Dans le Cyrus (t. VII, liv. iii), où, comme nous verrons, il est peint sous le nom de Thrasile, on le voit toujours en dépense pour quelque maîtresse : « Tantôt il luy donnoit le bal, une autre fois il la surprenoit par une musique. Si elle s’alloit promener et qu’il y fust, il faisoit qu’elle trouvast une collation magnifique. »