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Qui foisonnent de fruits, et, tranchant la contrée,
Se haste d’aller faire à Paris son entrée.
Paris, chef des citez, où du gauche costé
Ses ondes à l’approche adorent la cité
Où sur toutes paroist l’eglise Nostre-Dame ;
Et à coup se fendant, ses rives il entame
Et comme avec deux bras les serre estroitement,
Et d’un dévot reply se flechit humblement
Devant la Vierge mère en sa plaisante islette2,
Puis, retournant à soy d’une course plus preste,
Il vogue allaigrement au très plaisant terroir
Où tu naquis heureuse en très heureux manoir,
Dans un petit village, heureux par ton issue,
Où se tournant en deux en passant il saluë
Le Monastère sainct sepulchre des grands Rois,
Sacré à sainct Denis, apostre des Gaulois.
Par ces vallons retors il se recourbe et erre,
Et se recostoyant arrouse enfin la terre
Des ondes qu’il respand des cornes de son front,
Et dirois que ses flots à regret s’en revont3.



2. L’île Notre-Dame, aujourd’hui l’île Saint-Louis, qui appartenoit alors tout entière au chapitre de la cathédrale.

3. Santeul, dans son inscription pour la pompe du pont Notre-Dame (Opera omnia, 1698, in-8, t. I, p. 344), parle aussi de cet amour que la Seine a pour Paris, dont ses flots ralentis semblent ne pouvoir quitter le voisinage. Voici la traduction de ces vers de Santeul par P. Corneille :

Que le Dieu de la Seine a d’amour pour Paris !
Dès qu’il en peut baiser les rivagea chéris,
De ses flots suspendus la descente plus douce