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cement. L’homme semblablement peut beaucoup sur la femme et luy sert d’un grand soutien, et semblable à un cocher resistant contre les tempetes qui taschent de bouleverser un bon mesnage ; cela fut dernierement approuvé par une dame, laquelle voyant sa fille veufve lui dit ces paroles : il est vray, ma fille, que vous vous devez à bon droict affliger, puisque vous avez perdu la plus belle fleur qui faisoit l’ornement de vostre bouquet.

Quand l’homme voit quelque défaut provenir du costé de la femme, il doit aussi, avec une douceur capable de remède, luy remonstrer ses manquemens, et luy commander avec une authorité mediocre et la prier de mieux faire à l’advenir, et que ce soit sans se fascher ; et en ce point le mary est plus que le père et la mère d’icelle, puisque nous oyons dire ordinairement par les belles mères à leurs filles : c’est vostre mary, vous estes en sa puissance, faites ce qu’il vous dira. De mesme le mary peut dire telles raisons à son beau père, à sa belle mère.

Sçachez sur toutes choses, que pour faire un bon mesnage il est nécessaire que l’homme et la femme couchent souvent ensemble, et qu’ils prient Dieu, ainsi que fit jadis Tobie, qu’il luy plaise leur envoyer des enfans : car par le bonheur d’un enfant, la paix se trouve ordinairement entre le père et la mère. Et d’autant que je sçay qu’il y a des personnes qui destournent et empeschent l’homme, par je ne sçay quel desdain, d’approcher de la femme, je dis qu’il faut chasser et aneantir tel personne, puisqu’ils se font maistre du mal qui en peut arriver par après.