Page:Variétés Tome X.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venir méchans. Esjouyssons-nous que les tavernes soient fermées, et qu’on aille quérir à pot et à pinte5 nous en boirons nostre part, et cognoistrons la beste qui nous fait tant de peine6.

Un certain poëte s’estrangla d’un pepin de raisin : si les yvrongnes en pouvoient faire autant, nous serions relevées de peines, mes commaires les mal mariées ; mais le diable est bien aux veaux quand à eux, et non pas aux vaches quand à nous, puisqu’on ne nous tette plus, de ce que plus ils en boivent et mieux s’en portent. Si quelque homme qualifié, necessaire à une republique, avoit fait le moindre excez


5. Les défenses contre les tavernes n’atteignoient pas les marchands de vin qui vendoient à pot, et que l’on n’avoit jamais confondus avec les cabaretiers. « Les marchands de vin, écrivoit Colbert le 16 octobre 1681 à M. de Mirosménil, qui n’avoit pas à ce propos fait exécuter comme il convenoit le règlement des Aydes dans la ville de Vitry, les marchands de vin ne peuvent vendre en détail qu’à huis coupé et pot renversé, et les taverniers et cabaretiers peuvent vendre du vin, donner à manger ou souffrir que l’on mange dans leur maison. » Corresp. administ. de Louis XIV, t. III, p. 290.

6. Dans la pièce rouennoise du XVIe siècle que nous avons citée en commençant, les femmes se réjouissent aussi de ce que désormais, vu la défense de boire ailleurs qu’au logis, elles auront leur part à la ripaille :

—-Si un voisin avec son familier
Se veut esbattre, ainsy que de raison,
Il est contraint de boire en sa maison
—-Et d’envoyer querir du vin à pot.
Par ce moyen, en tout temps et saison,
Femme et enfant ont leur part à l’escot.