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donne la mort, ainsi Noé mist le vin au pouvoir et en la cognoissance des hommes, lequel pourtant fut cause de la mauvaise opinion que ses enfans eurent de son yvresse.

Ce n’est pas assez à l’homme de n’offencer en pu-


que je sache, pas plus après les édits de Henri III qu’après celui de Louis XIII dont il est question ici. Quelques années après, Messieurs de la taverne relevoient si bien la tête, qu’un anonyme croyoit bon de publier en leur nom une très-curieuse requête : Les justes plaintes faites au roy par les cabaretiers de la ville de Paris sur la confusion des carrosses qui y sont et de l’incommodité qu’en reçoit le public, par le sieur D. L. P., 1625, in-8. — Sous Louis XIV, il y eut aussi plus d’un édit de tempérance. Ainsi, par un règlement de 1666, les cabarets durent être fermés à six heures, depuis le 1er novembre jusqu’à Pâques, et à neuf heures dans les autres saisons. En 1705, les suisses et portiers des maisons et hôtels « vendant vin en gros ou en détail, soit à pot ou à assiette », reçurent, par arrêt du conseil, l’ordre de cesser ce commerce, mais n’en tinrent compte, à ce qu’il paroît, car, sur la demande des cabaretiers eux-mêmes, pour qui c’étoit une préjudiciable concurrence, il fallut le réitérer plus tard par un autre arrêt du 16 mars 1737. Voltaire, dans sa lettre à madame de Bernière, du 28 novembre 1723, a parlé de ce commerce que les suisses faisoient à la porte des hôtels : « Vous avez, lui dit-il, un suisse qui ne s’est pas attaché à votre service pour vous plaire, mais pour vendre à votre porte de mauvais vins à tous les porteurs d’eau qui viennent ici tous les jours faire de votre maison un méchant cabaret. » Il y a encore dans beaucoup de villes de l’étranger des pensions suisses. Leur nom vient de cet usage, qui disparut à la Révolution avec les suisses des hôtels.