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Et vous avez rompu cette armonie,
Maudits sujets sans croyance et sans foy :
Quand vous avez fait mourir vostre Roy,
M’avez-vous pas ensemble osté la vie ?

Vous m’eussiez fait sans doute le semblable
Quand je quittay vostre rivage Anglois2


Bretagne, et par cette apostrophe à la mer : « Et toi, Océan, qui couronnes cette île malheureuse, que ne vomis-tu tes eaux pour la bouleverser. » Quelques-uns tournoient la chose tout autrement, et faisoient de cette mort une menace pour le petit Louis XIV. Dans La France ruinée par les favoris, et dans la Lettre d’un fidèle François à la reine, on présage au roi le sort de Charles Stuart, et à sa mère celui de Marie de Médicis. Un autre plus sensé : Raisonnement sur les affaires présentes, et leur différence de celles d’Angleterre, établit judicieusement que la triste comparaison entre nos troubles et ceux de la Grande-Bretagne étoit absurde, puisque chez nous il ne s’agissoit guère que d’une question de finances et de tyrannie fiscale. Tout le monde s’émut, même les protestants, qui, craignant qu’on ne leur fit un crime de ce qu’avoient si cruellement osé les sectaires anglois, firent publier à Paris et à Rouen : Remontrance des ministres de la province de Londres adressée par eux au général Fairfax et à son conseil de guerre douze jours avant la mort du roy de la Grande-Bretagne. Ils vouloient prouver par cette publication que l’infamie de cette exécution n’étoit en rien imputable à la religion réformée, puisque ses ministres avoient été des premiers à réclamer contre la sentence.

2. La reine d’Angleterre, quinze jours après être accouchée d’une fille à Exeter, s’étoit embarquée pour la France, qu’elle ne devoit plus quitter : c’étoit au commencement