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intermission ; puis venions dîner après avoir en hâte conféré demi-heure sur ce qu’avions écrit de lectures12. Après dîner nous lisions, par forme de jeu, Sophocles ou Aristophanus ou Euripides et quelque fois Demosthènes, Cicero, Virgilius, Horatius13. À une heure aux études ; à cinq, au logis14, à répéter et voir dans nos livres les lieux allégués, jusqu’après six. Puis nous soupions et lisions en grec ou en latin. Les fêtes, à la grande messe et vêpres. Au reste du jour, un peu de musique et de pourmenoir. Quelque fois nous allions dîner chez nos amis paternels, qui nous invitoient plus souvent qu’on ne nous y vouloit mener. Le reste du jour aux livres ; et avions ordinaire avec nous Hadrianus Turnebus15,


a dit tout à l’heure que son frère et lui étoient 'auditeurs. Les premiers maîtres du collége Royal ne s’appelèrent pas professeurs, mais lecteurs.

12. Ces conférences étoient ce qu’on appeloit la réparation, exercice où les écoliers se recordoient l’un l’autre l’objet de la leçon supposée, jusqu’à ce qu’ils fussent en état de la répéter dans les mêmes termes.

13. Ces lectures par forme de jeu duroient une heure. C’étoit la seule récréation qui suivoit le dîner. « Elle ôtoit au diable, dit Robert Goulet en son Heptadogma, ch. 3, l’avantage de trouver les esprits inoccupés. »

14. Henry de Mesmes et son frère n’étoient pas ce qu’on appeloit convicteurs ou portionistes, c’est-à-dire pensionnaires, ou boursiers. Ils étoient des martinets ou externes libres, la classe la plus nombreuse d’écoliers qui hantât alors les écoles.

15. Le savant Adrien Turnèbe, qui fut en effet professeur à Toulouse, avant de diriger à Paris l’imprimerie Royale, « pour les livres grecs ».