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Qui ne rapporte, ingrat, qu’une longue risée

Partout où l’ignorance est plus authorisée.

Toy donc qui as choisi le chemin le plus court
Pour estre mis au ranc des sçavants de la court,
Sans macher le laurier, ny sans prendre la peine
De songer en Parnasse, et boire à la fontaine
Que le cheval volant de son pied fist saillir,
Faisant ce que je dy, tu ne pourras faillir.

Je veulx en premier lieu que sans suivre la trace
(Comme font quelques uns) d’un Pindare et Horace,
Et sans vouloir comme eux voler si haultement,
Ton simple naturel tu suives seulement.
Ce procès tant mené, et qui encore dure,
Lequel des deux vault mieulx, ou l’art, ou la nature,
En matière de vers à la court est vuidé :
Car il suffit icy que tu soyes guidé
Par le seul naturel, sans art et sans doctrine,
Fors cet art qui apprend à faire bonne mine ;
Car un petit sonnet, qui n’ha rien que le son,
Un dixain à propos, ou bien une chanson,
Un rondeau bien troussé, avec une ballade
(Du temps qu’elle couroit13), vaut mieux qu’une Iliade.
Laisse-moy donques là ces Latins et Gregeoys
Qui ne servent de rien au poëte françois,


13. Le genre de la ballade, qui commençoit à n’être plus en faveur, eut une sorte de réveil au XVIIe siècle ; mais Trissotin toutefois pouvoit dire avec raison à Vadius :

Ce n’en est plus la mode, elle sent son vieux temps.