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timents que donne la perte d’une amie ; il s’en faut peu que je ne sois offencée contre vous, et je croys que je le serois si je ne sçavois qu’en l’estat où vous estes, il faut plustot vous plaindre que se plaindre de vous ; je vous asseure que je vous plains aussi autant que vous le devés estre, et que je comprends à quel point la perte de madame la comtesse de Maure vous est douloureuse20. Si vous revoyés cette personne, ayés la bonté de la faire souvenir de parler à l’autre ; il ne me paroist pas qu’on luy ait encore rien dit.

VIII21

Ce lundy au soir.

Je ne pus hier respondre à vostre billet, parce


20. Anne Doni d’Attichy, comtesse de Maure, qui avoit longtemps été une des filles d’honneur de la reine-mère, étoit la plus intime amie de madame de Sablé, dans le voisinage de laquelle elle étoit venue loger au faubourg Saint-Jacques. Elle mourut à la fin d’avril 1663, date précieuse pour nous, puisqu’elle nous sert à préciser à peu près quelle peut être celle de ces billets, qui durent se suivre à un assez court intervalle, sauf, toutefois, celui qu’on va lire, et qui est sans doute de deux années plus tard.

21. C’est cette lettre que M. Sainte-Beuve trouve si curieuse, comme fixant l’époque où la liaison de M. de La Rochefoucauld et de madame de La Fayette dut s’engager, à bas bruit, avec ces demi-soins qui s’efforcent de tenir encore à l’écart l’indiscrétion et de dépister les clairvoyants.