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III10

Vous me donneriés le plus grand chagrin du monde, si vous ne me montriés pas vos Maximes11. Madame du Plessis m’a donné une curiosité estrange de les voir ; et c’est justement parce qu’elles sont honnestes et raisonnables que j’en ay envie, et qu’elles me persuaderont que toutes les personnes


mais, comme on ne fait rien pour rien, je vous demande un potage aux carottes, un ragoût de moutons, etc. » Ces potages gâtoient les affaires du moraliste, s’il faut en croire madame de La Fayette ; mais quelles affaires ? et près de qui ? Affaires d’amour et près d’elle-même. Nous verrons tout à l’heure que la liaison s’engageoit alors entre madame de La Fayette et La Rochefoucauld. En dépit des potages et des maximes, elle fut bientôt nouée. Les maximes même, qui pouvoient la rompre, y servirent par les occasions de discussions qu’elles amenèrent entre l’auteur et sa spirituelle adversaire, entre le corrompu à convertir et l’aimable prêcheuse : « C’est, dit fort bien M. Sainte-Beuve, c’est cette idée de corruption générale qu’elle s’attacha à combattre en M. de La Rochefoucauld, et qu’elle rectifia. Le désir d’éclairer et d’adoucir ce noble esprit fut sans doute un appât de raison et de bienfaisance pour elle, aux abords de la liaison étroite. »

10. Cette lettre a été publiée tout entière par M. Cousin, La Marquise de Sablé, 2e édit., p. 173. M. Sainte-Beuve, Portrait, 1842, in-18, p. 75, n’en a donné que la première moitié.

11. Comme celles de La Rochefoucauld, elles étoient manuscrites et parurent bien plus tard, quelques mois après la mort de madame de Sablé. En voici le titre : Maximes de madame la marquise de Sablé, et Pensées diverses de M. L. D. Paris, 1678, in-12.