sieur tel, lorsqu’il est mort, contraignant quelquesfois les heritiers de jetter les clefs sur la fosse7. Des crieurs en tels convois ne sont guères occupez ; car ordinairement les curez mesmes y perdent leurs droicts.
Cependant donc que le corps de monsieur tel (qui de riche qu’il estoit durant sa vie, est devenu après sa mort pauvre) est gisant sur la paille, a le plus souvent pour compagnie le commissaire, le greffier, le sergent, gens esveillez, qui, à la requeste d’un tel et d’un tel, pose le sceau jusqu’à ce qu’il soit déclaré quelque respondant, ou gardien des meubles. Je vous laisse à penser si, en cette rencontre, se trouve là quelqu’un qui soit venu trop tard pour avoir sa part de ce qui luy est deub, et que l’on luy dise que tout est perdu pour luy et qu’il n’y a rien à esperer, le priant bien humblement de ne s’en point fascher ains se consoler, que ne fera-t-il point ? Ne donnera-t-il pas monsieur un tel à tous les diables ?
Que si telle chose arrive à quelque maranière8 ou poissonnière des halles, de quelle malediction ornera elle point le drap mortuaire de son debteur trespassé ? car pour son libera, elle invoque les Diables d’Enfer pour y emporter son ame.
Pareillement, si cela s’adresse à un boucher, gens où la pitié quelquesfois trouve place, quel
7. Les héritiers qui renonçoient à une succession jetoient les clefs de la maison du mort sur sa fosse. La veuve qui n’acceptoit pas l’héritage faisoit de même, et de plus déceignoit sa ceinture sur la tombe. V. Anciennes coutumes du duché de Bourgogne, titre des Fiefs.
8. Marinière.