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la cause en est assez cognüe par aucuns. Pour moy (advertissant un chacun à faire son profit), je diray que ça esté par la trop mauvaise conduite de ceux qui gouvernoient leurs maisons, donnant tout, pour puis après ne rien avoir, achetant à grand prix un petit vent de faveur, qui se dissipe le plus souvent par la plus simple pluye qui soit en la moyenne region de l’air, et par ce moyen attirer à eux des gens qui s’accordent en leurs faits, dits et actions, faisant grande chère à ceux qui bien souvent les vendent à belle mesure, n’attribuant leur labeur qu’à une parfaite gausserie6.

Les autres bouleversent les maisons par le jeu, par les débauches excessives, despences inutiles qui ne rapportent aucun profit, et qui ne laisse pas de coûter beaucoup, ne se contentant pas de ce que la nature leur produit : ainsi ils recherchent des nouveautez surnaturelles, qui ne servent qu’à ruyner ceux qui viennent après eux, lesquels bien souvent sont privez de la maison de monsieur tel, à cause du remboursement de la somme de quatre cens mil escus, tant du plus que du moins, que ledit tel devoit avoir par contract de constitution de rente fait et passé en l’estude de tel el tel, notaires, sans conter les autres parties des marchands en gros et en détail ; de sorte qu’il se rencontre bien souvent qu’il n’y a pas de quoy faire inhumer le corps de mon-


6. Moquerie, duperie. Le verbe gausser et le mot gausseur sont plus employés que gausserie, leur dérivé. Il étoit toutefois en usage dans cette expression proverbiale : « Gausserie (pour plaisanterie) à part. » Comédie des Proverbes, Anc. Théâtre, t. IX, p. 334.