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Et ne sceut point son cave signati,
Car la bossue et la belle barbière
Au goguelu7 firent passer carrière.
Or il vouloit, pour se faire estriller,
Au paravant que se deshabiller,
Voir tout par tout, redoutant la surprise ;
Mais la maistresse, en ce jeu bien aprise,
Estant encore en coiffure de nuit,
Monstre un desir de l’amoureux deduit,
À luy s’adresse, à qui la chair fretille :
« Venez, galand, çà, que je vous estrille ;
Vous mentez donc ? est-ce là ce velours ?
Là ce balet, qu’il ait sur ses atours. »
Il luy respond d’une basse parole :
« Ferez-vous bien la maistresse d’escole ?
Je suis mauvais, j’ay failly mechamment ;
Si j’ay menty, corrigez hardiment. »
Et, tout gaillard, esperant chère entière,
Pront, obeït aux mots de la barbière.
Mais il n’eut pas si tost les chausses bas,
Ah ! mes amis, oyez le piteux cas,
La sentinelle, en amours bien experte,
A conjuré de ce prince la perte :
S’estant posée en lieu trop descouvert,
Elle a faict prendre Angoulevent sans vert,
Et, pour mieux faire encore la pipée,
Feint d’emporter le manteau et l’espée.
Il s’en courrousse, et la barbière exprès



7. Galant, muguet, joyeux drôle, toujours en ses gogues on en goguette. On le prenoit souvent, comme ici, en ironie. V. Rabelais, liv. IV, ch. 65, et liv. V, ch. 13.