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Bourru d’esprit, il contoit les merveilles
De ses hauts faits, decoiffant les bouteilles.
Infortuné, qui ne prevoyoit pas
De quel malheur estoyent suivis ses pas ;
Que des destins les faveurs sont volages,
Et que les fous ne sont pas tousjours sages.
L’ouvrage est grand, mais rien n’est malaisé
Quand de ton feu l’esprit est embrasé.
Ayde-moy donc, renforce ma memoire,
Qu’aux Pois pilez4 j’emporte la victoire.
Voylà le but de mon ambition,
D’Angoulevent chantant la passion,
Qui, forcené des ardeurs de nature,
Courut luy-mesme à sa male advanture,
Estant poussé par sa fragilité
Aux doux attraits d’une tendre beauté,
Quand par desastre une laide bossue

Sous beau-semblant luy dresse maigre issue.

Cet avorton, semence d’escargot,
Trouve en chemin ce magnifique sot,


4. C’est-à-dire « à la comédie aux Pois pilez », comme on lit dans le Baron de Fæneste, édit. Mérimée, p. 155. Ménage a rencontré juste pour l’étymologie du nom de ces farces. On appeloit pois pilés, dit-il, le marc des pois dont on avoit fait de la purée, et il n’étoit pas étonnant qu’on désignât par le même nom ces farces, qui n’étoient que salmigondis. Une phrase des Lettres de Malherbe à Peiresc (p. 24) lui donne raison, en prouvant qu’en effet pois pilés s’employoit dans le sens qu’on lui attribue ici : « C’est assez, Monsieur, écrit Malherbe ; il faut finir nos fâcheux discours, qui sont plutôt pois pilés, c’est-à-dire une purée, un salmigondis, qu’une lettre. »