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Divin Bacchus, de ta fureur saisi,


cevoir ou apprendre quelque chose. Pour se donner une contenance ou un prétexte de gueuserie, il fit de petits livres, « quoiqu’il ne sçût ny lire ny escrire, et n’y eût jamais apprins », comme il le dit dans l’Institution et recueil de toutes ses œuvres. Je n’entrerai point dans le détail de ces livrets extravagants, illustrés de figures plus bizarres que le texte même. Ils n’intéressent que les bibliophiles ; et tous, soit qu’ils les aient achetés à prix d’or, soit qu’ils aient dû se contenter de les envier, savent à quoi s’en tenir sur leur compte. Ce sont des oraisons, des sentences, des prophéties, le tout on ne peut plus amphigourique. Il en publia un recueil in-12 en 1600, avec dédicace à Henri IV. Il ne s’y contente pas du titre de comte de Permission, il y prend celui de chevalier des Ligues des XIII cantons suisses. Ses folies imprimées n’alloient pas à moins de 180 livrets ou morceaux numérotés. On n’en connoît guère que 107, y compris les livres 104, 113, 141 et 173, retrouvés depuis vingt ans à peu près, et la dernière pièce : Le Tombeau et Testament de feu Bern. de Bluet d’Arbères, dedié à l’ombre du prince de Mandoy, par ceux de la vieille Academie, 1606, in-8. La bibliothèque Sainte-Geneviève possède l’un des exemplaires les plus complets. Le recueil des 107 livrets connus n’est entre les mains d’aucun des plus riches bibliophiles, et c’est un de leurs grands chagrins. J’ai vu l’une des plus rares et des plus curieuses pièces dans le cabinet de M. Le Roux de Lincy. Elle sert de supplément à la 61e, et commence par : Libéralités que j’ai reçues. On y voit comment M. de Créqui a donné au comte de Permission « quatre écus et demi en cinq fois » ; comment il reçut de Jacques Le Roy « deux escus et une rame de papier » ; de Mme d’Entragues, une bague de grande valeur ; de M. de Beauvais-Nangy, un bas de chausse de soie ; de Mme de Payenne (de Poyane ?), une aune de toile blanche pour faire des rabats ; du duc de Nemours, « la