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Madame d’Aubigné, peu après son mariage, reçut un present de sa belle-sœur : c’etoit un collier d’environ deux mille écus. Elle n’eut qu’une fille, qui est aujourd’hui madame la duchesse d’Ayen de Noïailles53. Madame de Maintenon la prit auprès d’elle dès l’âge de cinq ans, et a pris soin depuis ce temps-là de son education et de son etablissement. Madame d’Aubigné, peu considerée et encore moins aimée de son mari, n’a jamais paru qu’une fois à la cour. Elle y fut reçue fort froidement de sa belle-sœur, et on lui fit entendre qu’il lui convenoit de retourner en province. Elle partit aussitôt, et même sans qu’elle pût prendre congé de la dame. Rentrée chez elle, elle y vecut tout à fait retirée, mais au reste fort contente, et peu touchée du désir de la cour. Son epoux, qui etoit resté à Paris54, où


53. Elle naquit à la fin d’avril 1684. Mme de Maintenon s’en occupa beaucoup tout d’abord. « Dites à la nourrice qu’elle nourrit mon heritière », écrit-elle à son frère, peu de jours après sa naissance : c’etoit vrai. Un mois après elle écrit encore au sujet de la petite ; elle s’inquiète de son baptême, du nom qu’on lui a donné : « elle le voudroit joli. » C’est celui d’Amable qu’on lui donna. Enfin, déjà préoccupée d’une avenir dont elle eut le temps de prendre soin, et qu’elle fit fort beau : « Si, dit-elle, je vis assez pour marier ma nièce, elle le sera bien ! » En 1698, — vous voyez qu’elle avoit hâte, car la petite ne faisoit qu’atteindre ses quatorze ans, — elle la maria au comte d’Ayen, depuis maréchal et duc de Noailles. La magnifique terre de Maintenon fut sa dot.

54. Un mois après la naissance de sa fille, il y vivoit déjà, malgré sa sœur. « Je vous ai conseillé de ne pas vous établir à Paris, lui écrit-elle le 18 juin 1684… » ; puis