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dame, qu’on voulut rendre secrètes à cause du trop grand eclat que le roi apprehenda d’abord que fît cette sorte de galanterie. Le premier enfant disparut, n’ayant pas jugé à propos de le produire en public, afin de n’être pas obligé de le reconnoitre39. Ce fut madame Scarron qui en prit soin, conjointement avec un nommé Dandin40, de qui on a appris


39. Saint-Simon ne parle pas de ce premier-né des amours de Louis XIV et de Mme de Montespan. Suivant lui, ce furent M. le duc et Mme la duchesse qui en naquirent d’abord. (Édit. Hachette, in-8, t. 13, p. 12.) Mme de Caylus, au contraire, n’oublie pas cet aîné des bâtards ; elle entre aussi dans de curieux détails sur les accouchements clandestins auxquels Mme Scarron assistoit seule : « On l’envoyoit chercher quand les premières douleurs pour accoucher prenoient à Mme de Montespan. Elle emportoit l’enfant, le cachoit sous son echarpe, se cachoit elle-même sous un masque, et, prenant un fiacre, revenoit ainsi à Paris. Combien de frayeur n’avoit-elle pas que cet enfant ne criât ! Ses craintes se sont souvent renouvelées, puisque Mme de Montespan a eu sept enfants du roi ! » (Souvenirs, 1805, in-12, p. 57.)

40. Étoit-il de la famille de ce Georges Dandin, sellier, qui, ayant prêté, sans le vouloir, son nom à Molière, se trouva immortel sans le savoir ? Monteil l’a trouvé cité pour un carrosse de six cents livres sur les comptes du trésorier de M. le duc de Mazarin. (Traité des matériaux manuscrits, t. 2, p. 128.) Il est probable toutefois que le Dandin dont il est parlé ici étoit, comme l’autre, un artisan ; c’est en effet dans quelque famille du commun que Louis XIV avoit jusqu’alors eu l’habitude de faire élever ses enfants naturels. Le fils qu’il avoit eu de Mlle de La Vallière, au mois de décembre 1663, avoit été caché dans le ménage d’un ancien valet nommé Beauchamp, qui de-