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Dans ce temps-là commença le commerce du roi avec madame de Montespan. En 166437 environ, celle-ci devint enceinte, et, M. de Montchevreuil ayant appris de madame de Sainte-Hermine que la dame cherchoit quelqu’un de confiance à qui elle pût en sûreté remettre le soin de son enfant, il lui parla de madame Scarron. Madame de Sainte-Hermine la presenta à madame de Montespan, qui l’agréa, l’admit dans sa maison et commença à lui donner sa confiance38. Ce fut elle, en effet, qui assista presque seule aux premières couches de cette


37. Lisez 1666.

38. Les lettres de Mme de Maintenon relatives à son installation près de Mme de Montespan nous présentent le maréchal d’Albret comme ayant été son seul introducteur. V. Lettres du 26 avril 1666 à Mlle d’Artigny, et du 11 juillet 1666 à Mme de Chantelou. Il n’y auroit toutefois rien d’impossible à ce que M. de Montchevreuil se fût entremis pour obtenir cette position à Mme Scarron. J’y trouverois même la raison de la reconnoissance qu’elle lui témoigna toujours, à lui et à sa femme, et qui fait dire par Saint-Simon : « Il se sentit grandement de ces premiers temps. » J’aime mieux voir dans cette gratitude survivant à la misère une façon de lui tenir compte de l’honorable service qu’il lui rend ici, selon le P. Laguille, qu’un remercîment forcé des sales complaisances auxquelles il se seroit prêté, selon Saint-Simon. Quant à Mme de Sainte-Hermine, il est encore plus vraisemblable qu’elle dut être utile à Mme Scarron : elle étoit d’une très noble famille du Poitou, et avoit de l’influence à la cour. Sa famille, qui, je l’ai dit, tenoit à celle de d’Aubigné, avoit toujours voulu du bien à Françoise ; elle ne l’oublia pas. Il est souvent parlé des Sainte-Hermine dans les Lettres de la marquise et dans les Souvenirs de Mme de Caylus.