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mort, la pension demeuroit éteinte, et, n’ayant pu subsister sans contracter quelques dettes, les meubles furent incontinent saisis par les créanciers. M. et madame Scarron etant connus et estimés de nombre de gens de qualité, ceux qui apprirent l’etat où elle etoit furent touchés et cherchèrent à lui rendre service. Entre les autres, le marquis de Pequilin32, qui commençoit alors de paroître à la cour, en parla à la reine, lui dit qu’il avoit vu executer les meubles d’une jeune dame qui lui avoit fait pitié33. La reine, ayant voulu savoir cette aventure, et ayant appris le nom de la dame, en eut compassion elle-même, et ordonna que la pension lui fût continuée34. La bonne volonté de la princesse dura peu ;


32. C’est Lauzun, qui fut d’abord, comme on sait, marquis de Puyguilhem. Il touchoit de près à Mme de Sainte-Hermine, que nous trouverons tout à l’heure parmi les personnes qui s’intéressèrent le plus efficacement à Mme Scarron. Celle-ci d’ailleurs étoit un peu leur parente : Lauzun étoit un Caumont, les Sainte-Hermine tenoient aussi à cette famille, et l’on sait enfin que la fille aînée de Théodore Agrippa, tante de Françoise d’Aubigné, avoit épousé un Caumont d’Adde.

33. Ségrais, qui étoit absent de Paris quand Scarron mourut, ne revint dans la maison du pauvre défunt que pour voir aussi ce qui apitoyoit si vivement Lauzun. « Quand j’arrivai devant sa porte, dit-il, je vis qu’on emportoit de chez lui la chaise sur laquelle il étoit toujours assis, et qu’on venoit de vendre à son inventaire. » (Segraisiana, p. 150.)

34. La reine la porta même à 2,000 fr. (Id., p. 148.) Mme de Caylus dit que c’est à la prière de M. de la Garde que la reine rendit la pension.