Page:Variétés Tome VIII.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

etoit le rendez-vous de quantité de personnes d’esprit et de qualité. Madame de Noïailles s’y trouvoit quelquefois, se divertissant avec lui ; une fois : Monsieur Scarron, lui dit-elle, il faut que je vous marie. Après quelques plaisanteries sur cette proposition, Scarron, après quelques reflexions, ne paroissant pas fort éloigné du dessein qu’on avoit, s’informa de qui on vouloit parler ; on la lui nomma, on lui en fit le caractère, et on l’assura que la demoiselle paroissoit avoir de l’esprit et l’esprit bien fait.

On dit à cette occasion que, madame de Noïailles ayant assuré que la demoiselle avoit fort bonne grâce, M. Scarron avoit désiré la voir, et que, lui ayant été menée par la dame, comme ledit sieur étoit fort incommodé et avoit le dos si fort vouté et la tête tellement baissée qu’il ne pouvoit se tenir assez droit pour la considerer, elle fut obligée de se mettre à genoux pour se faire voir26. On traita après cela serieusement, mais cependant secretement, du mariage, à cause des parens dudit Scarron, pendant quoi on la mit en pension aux religieuses ursulines de la rue Saint-Jacques. Elle pouvoit avoir alors quinze ou seize ans, m’on dit quelques-unes de celles qui l’ont vue dans ce monastère, entre autres la mère Le Pilleur, de laquelle j’ai appris ce que dessus, et en particulier ce qui suit : c’est que, ladite demoiselle ayant obtenu per-


sec parchemin en des bains de tripes, qu’on disoit d’une efficacité souveraine.

26. « Pour le voir, dit aussi Tallemant, il fallut qu’elle se baissât jusqu’à se mettre à genoux. » (Édit. in-12, t. 9, p. 124.)