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du Procez de Baif.

 
Environ l’an quatre vingts neuf,
Que j’etois barbu comme un œuf,
Ce brave Patelin m’emmeine
Tout droit au païs d’Aquitaine,
Partant du faux-bourg Sainct-Victor.
Ainsi que Pollux et Castor
Il jura qu’il nous falloit vivre,
Et moy promptement de le suivre,
L’estimant franc et non menteur,
Mais surtout loyal serviteur.
Par son dire et sa douce mine
En Languedoc il m’achemine ;
Droit à Toloze il m’adressa,
Où dans peu de jours me laissa.
Après survint le coup du moine,
Et la mort du bon Jan Antoine[1],
Si bien que, de malheurs troublé,
Tout à coup je fus accablé,
Et, pour soulager mon dommage,

  1. Ce n’est pas le 19 septembre 1589, comme le disent les Biographies, que Baïf seroit mort ; s’il falloit en croire Scévole de Sainte-Marthe, cité par La Monnoie dans ses notes sur la Biblioth. franç. de du Verdier (édit. Rigoley, t. 1, p. 440), il auroit vécu un an encore après cette date, et il faudroit fixer l’époque de sa mort au mois de juillet 1590. Scévole de Sainte-Marthe dit en effet qu’elle précéda de peu de jours l’attaque que Henri IV tenta contre les faubourgs de Paris, et qui l’en rendit maître. Selon La Croix du Maine, il auroit eu cinquante-huit ans ; Sainte-Marthe dit soixante, et c’est lui que je crois, car il avoit connu Baïf. Il faudroit dans ce cas faire naître celui-ci en 1530, et non plus en 1532, ainsi que l’ont répété les uns après les autres les biographes, ces moutons de Panurge.