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Le Faict

Arrest d’estre arresté tout prest,
Sans cet homme plein d’artifice
Qui vint destourner la justice,
Mais pourtant ne l’evita pas ;

    ayant disparu par la négligence du fils naturel de Desportes, il le chercha avec le plus grand soin, mais ne parvint malheureusement qu’à en trouver quelques feuilles entre les mains d’un pâtissier à qui il avoit été vendu : « Perte irréparable, dit Colletet, et qui me fut sensible au dernier point, et ce d’autant plus que, dans le livre de cette institution, qui estoit un beau vélin, on voyoit ce que le roi Henri III, ce que le duc de Joyeuse, ce que le duc de Retz, et la plupart des seigneurs et des dames de la cour, avoient promis de donner pour l’établissement et pour l’entretien de l’académie, qui prit fin avec le roi Henri III et dans les troubles et confusions des guerres civiles du royaume. » Cet établissement avoit été une sorte de précurseur de l’illustre compagnie constituée par Richelieu. C’étoit mieux même : l’Académie françoise s’y compliquoit de l’opéra ! Celui-ci, pour lequel Antoine de Baïf s’étoit associé Joachim de Thibault de Courville, maistre de l’art de bien chanter, comme il l’appelle en une pièce du 9e livre de ses Poëmes, étoit la partie importante, à en juger d’après ce qu’il est dit dans les Lettres patentes données par Charles IX, en novembre 1570, et que la Revue rétrospective a publiées pour la première fois (t. 1, p. 102–111). Après la mort de Henri III, comme nous l’a dit Colletet, rien ne survécut de ce qui représentoit la littérature dans cette première Académie. La partie lyrique fut plus vivace ; même après Baïf nous la trouvons encore debout : elle a émigré rue de la Juiverie, dans la maison d’un certain Mauduit, qui en est le directeur. Sauval, de qui nous tenons ces derniers faits (liv. IX, chap. Académie), nous avoit donné à penser, d’après un autre passage des Antiquités de Paris (t. 1, p.