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Ant. Il faut bien qu’il y en ayt tousjours qui parlent, qui escrivent et qui donnent suject de rire. Vous sçavés comment Pasquin et Marforio en font à Rome.

Guer. Mais olet in grous fait quin chacun se mele dans affaires. I ne vis jamés tant de conseillers diquet estat. I cré ben quiquet Pierre du Pui15 (quis apeliant) demanderat de letre. I pense qu’en fein on


un pasquil du même temps, les Entretiens du diable boiteux, p. 26 : « Quand le savetier a gagné, par son travail du matin, de quoi se donner un oignon pour le reste du jour, il prend sa longue epée, sa petite cottille, son grand manteau noir, et s’en va sur la place decider des interets de l’Etat. » De même que Picard, cordonnier de la rue de la Huchette, qui fut pour une si grande part dans les soulèvements populaires contre le maréchal d’Ancre, tous les gens de ce métier, et le savetier maître Jean, que vous allez voir paroître, en est un exemple, se croyoient alors de grands clercs en politique ; ils avoient mis à honneur de se ranger des premiers parmi les mécontents. Ils n’y gagnèrent rien que les quolibets des bourgeois de bon sens et les épigrammes des faiseurs de pasquils. Picard, toutefois, fit bien ses affaires ; sa réputation de factieux achalanda sa boutique, et, à partir de ce moment, il eut le bon esprit de n’en plus sortir. Il se mit en état de lancer son fils dans les grandes affaires. Ce fils devint, non pas procureur au Parlement, comme dit Amelot de la Houssaye (Mémoires historiques, t. 2, p. 399), mais trésorier des parties casuelles et marquis de Dampierre. V. le Catalogue des Partisans, dans le Choix des mazarinades de M. C. Moreau, t. 1, p. 117–118. Il mourut au mois d’avril 1660 (Lettres choisies de Gui Patin, 1707, in-8, t. 2, p. 15).

15. Sur ce pauvre fou, qui couroit les rues, et à qui,