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ration énergique, le roi renvoya l’amiral « innocent… et purgé du cas dont Poltrot l’avoit chargé. » Le cardinal de Lorraine l’embrassa au sortir de la salle du conseil ; mais Henri, duc de Guise, et Claude, duc d’Aumale, refusèrent de lui presser la main et grondèrent de nouvelles menaces. Ils se souvenoient des propos que l’amiral avoit tenus après l’assassinat, et qui, bien loin d’en être comme en ce moment une désapprobation, témoignoient au contraire de la satisfaction qu’il en éprouvoit : « Je n’en suis l’auteur nullement, disoit-il souvent, selon Brantôme, et je ne l’ay point faict faire, et pour beaucoup ne le voudrois avoir faict faire, mais, ajoutoit-il, je suis pourtant bien ayse de sa mort, car nous y avons perdu un très dangereux ennemi de notre religion. » Ce mot, qui étonna d’un homme aussi froid et modeste en paroles, lui nuisit fort, dit encore Brantôme ; c’est même ce qui l’ayant fait le plus soupçonner, « luy cousta la vie par amprès ». M. L. Pâris est aussi de cette opinion. En 1569, les enfants du duc de Guise parvinrent à faire condamner Coligny par le Parlement ; puis, en attendant la sanglante réalité du mois d’août 1572, ils le firent pendre en effigie à Montfaucon. La première pensée de cette vengeance ainsi satisfaite datoit de l’instant où Poltrot avoit commis son crime : « Dans notre opinion, dit M. Pâris, c’est là qu’est tout entière la question de la Saint-Barthelemy. »