Page:Variétés Tome VIII.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un zeste vaut à peu près un zéro.
Pourquoi me faire une taxe si forte ?
Mais après tout, dans le fonds, que m’importe ?
La taxe n’est que pour qui peut payer.
Et, par bonheur, n’ayant sol ni denier,
Point de contrats, de maison, ni de rente,
Point d’autre effet qu’une table pliante,
Une escabelle, avec un vieux chalit,
Quelque bouquin déchiré qui moisit,
Je ne crains point qu’un suisse à large échine
Vienne en jurant camper dans ma cuisine,
Boire mon vin, dépenser mon argent,
Ni démeubler mon riche appartement6,



sait le numéro, il n’y a rien à faire. » En note, il ajoute : « Il est vrai que c’est une façon de parler très usitée à Paris, parmi les joueurs et autres chevaliers d’industrie. » Elle n’avoit pas, du reste, attendu 1788 pour en arriver là, tant il est vrai que du vocabulaire du commerce à celui du vol il n’y a que la main. Énay dit dans Fæneste (édit. elzev., p. 156) : « Il étoit emporte-manteau. C’est entendre le numéro, ou je ne m’y connois pas. »

6. Il veut parler ici des archers qu’on mettoit en garnison chez quiconque refusoit de payer. Ils avoient charge de ronger le débiteur récalcitrant jusqu’à ce qu’il se fût exécuté. Aussi, dans l’ancienne coutume, sont-ils appelés comestores, ce que la coutume de Tournai traduit par mangeurs. Aujourd’hui l’un des papiers, à nuances menaçantes, que le percepteur vous envoie pour hâter le paiement des contributions, porte encore sur son titre : Garnison. En Allemagne, les créanciers s’y prenoient à peu près de même ; seulement, ils gardoient pour eux-mêmes le rôle de mangeurs, et, comme ils pouvoient craindre que la cuisine