Page:Variétés Tome VIII.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que la fortune assemble en un corps seul
Tout ce qu’elle a de peine et de misère ?
Je l’en depite, elle ne sçauroit faire

Au prisonnier un compagnon en deul.

Ô vous, heureux, à8 qui ceste franchise
Par le collet n’a jamais esté prise,
Ô vous, heureux qui l’avez peu r’avoir,
Avant que perdre une si rare chose,
Et qu’on vous cueille une si belle rose,
Perdrez plustost la vie et le pouvoir.

Et vous, mon roy, astre clair de victoire,
Pour me tirer du feu de Purgatoire,
Faictes ainsi que les bonnes gens font :
Sur mon tombeau repandez vostre offrande
D’un doux pardon, qu’humblement vous demande,
Qui, pour sortir, luy servira de pont.

[Car], avec plus d’ennuy que de monnoye,
Et de regrets deux fois plus que de joye,
Durant deux mois que dura ma prison,
[J’aurai vescu, au meilleur de mon age]9
La plume en main et le dueil au courage,
Captif de corps, d’esprit et de raison.

FIN.



8. Imp. : là.

9. Je remplis tellement quellement ce vers sauté par la négligence de l’imprimeur, et qui étoit certainement tout autre.