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Par charité de nouveau bien luy donne,

Et au captif tout le sien est osté.

L’aigle vengeur bequette Promethée ;
Sisiphe monte et dessend sa montée ;
Tantalle a soif tout au milieu de l’eau ;
Sur une roue Ixion porte angoisse ;
D’un crible en vain les Belides sans cesse
Vont espuisant un infernal ruisseau.

Le prisonnier a tout seul en partaige
De ces damnez la souffrance et la rage ;
Il a pour aigle un cœur au dur soucy,
Et pour montaigne un desir de franchise ;
Prier son juge est le lac qu’il espuise ;
La pauvreté le rend sec et transi.

Thezée fut tiré hors du dedalle
Par le fillet d’une vierge royalle.
Mais quel fillet le peut tirer d’icy,
Et quel amy luy tendra la fisselle
Pour le tirer de maison si cruelle,
Maison cruelle et maison sans soucy ?

Maison cruelle, où loge la misère,
Où l’ennemy se monstre et se declaire,
Et où l’amy se cognoist par effect,
Où les humains sont enterrez en vie,
Où la pitié est estainte et perie,
Et où le corps par martyre est deffaict.

Un seul fillet dans la prison les meine ;