Page:Variétés Tome VIII.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui avoit eu enfant depuis deux jours47, ensanglante elle et son enfant, et ainsi le met entre ses jambes.

Le capitaine Charles saigne la bouche de ses chevaux et ensanglante ses enfans et ses gents pour faire bonne pippée.

Charles va au devant de ceste noblesse tout sanglant, lesquels, esmeuz de pitié, tournent vers les paysans, ayans plus d’envie de les charger que nous. Les uns avoient les bras au col, les jambes à l’arçon de la selle ; et nostre colonnel, qui ne manquoit de remonstrer son bon droit : tellement qu’ils se retirent, et nous de picquer. Après leur retraicte, croyez que tout se portoit bien, et allasmes repaistre à quinze lieues de là. J’ay passé depuis par ce lieu, où je vous jure qu’encores aujourd’huy ce traict est en memoire à ceux du pays. Si j’avois eu temps d’escrire les bons tours que j’ay veu faire à ces trois sortes de gents, il n’y auroit volume plus gros. Ces folies meslées de cautelles, c’est afin que chacun s’en prenne garde.

Le daulvage biant à l’antigle, au rivage huré et violente la hurette, et pelant la mille au coesre : c’est le mariage des gueuz et gueuzes quand ils vont epouzer à la messe, et comme ils disent ceste chanson en ceremonie.

Hau rivage trutage,
Gourt à biart à nozis ;


47. Il étoit rare qu’il n’y eût une femme en couches dans un camp de bohémiens, quelque peu nombreux qu’il fût, tant il est vrai, comme le dit Grellmann, que cette race est des plus prolifiques. (P. 128.)