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y trouvent quelque somme d’argent, ils donnent l’advertissement au capitaine, et s’esloignent promptement à dix lieues de là. Ils font la fausse monnoye40 et la mettent avec industrie ; ils jouent à toutes sortes de jeux ; ils achètent toutes sortes de chevaux, quelque vice qu’ils ayent41, pourveu qu’ils passent leur monnoye.

Quand ils prennent des vivres, ils baillent gages de bon argent pour la première fois, sur la deffiance que l’on a d’eux ; mais, quand ils sont prests à desloger, ils prennent encor quelque chose, dont ils baillent pour gage quelque fausse pièce et retirent de bon argent, et à Dieu.

Au temps de la moisson, s’ils trouvent les portes fermées, avec leurs crochets ils ouvrent tout, et desrobent linges, manteaux, poisles, argent et tous autres meubles42, et de tout rendent compte à leur capitaine, qui y prend son droict. De tout ce qu’ils


p. 133. L’un des outils dont ils se servoient s’appeloit déjà un rossignol. (Id., p. 135.)

40. Grellmann remarque que le métier que les bohémiens exercent le plus volontiers est celui de forgeron. (Hist. des Bohémiens, trad. franç., 1810, in-8, p. 92–95.) De là à l’industrie du faux-monnoyeur il n’y avoit qu’un pas pour de telles gens.

41. Ils s’accommodent même des chevaux morts. « Quelle que soit la maladie qui les ait tués, ils les désinfectent avec des plantes à eux seuls connues et s’en repaissent impunément. » (Fr.-Michel, Le Pays-Basque, p. 138.)

42. L’argenterie surtout, et principalement les gobelets d’argent, pour lesquels, selon Grellmann, ils ont une véritable passion. (P. 91.)