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lieue de là, afin d’accoustre à soupper, nous mocquans du meunier. Nostre capitaine nous dist qu’il en gardoit une autre bien verte au meunier, et qu’il luy apprendroit avec le temps à donner l’aumosne pour l’amour de Dieu ; et faut croire que ce cagou estoit fort digne de sa charge, et digne de mener les gens à la guerre de l’artie et de la crie.

Autre bon tour.

Peu de temps après, nostre regiment estant près de Beaufort en Vallée, nostre cagou veid un pendu à une potence, qui n’y estoit que du jour ; commande à son nepveu de demeurer derrière, et que la trouppe s’en alloit peausser en un pelardier assez près de là, et luy commanda que quand la nuict seroit venue il coupast la couille du pendart, oslast les couillons de dedans et l’emplist de gros sable de rivière ; et ce faict, qu’il s’en vinst promptement et qu’il trouveroit la sentinelle sur le grand chemin qui le r’adresseroit dans le camp. Estant venu, son oncle luy demande s’il avoit le sac. Le nepveu luy respond qu’il avoit jette les quilles, et que pour le sac il estoit en seureté. Nous avions de bon feu, car le compagnon estoit garny de bon fuzil et allumettes, avec le bon pistolet, et dans son bourdon la bonne lame d’espée, et son nepveu assez bien armé. Pour revenir à nos moutons, il prend les besongnes de nuict32 du pendu, et rem-


32. Cette expression ne s’employoit ordinairement que pour hardes de nuit. V. notre édition des Caquets de l’accouchée, p. 19.