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Les maximes que nostre general nous faisoit entretenir.

Il ne faut jamais estre ensemble à l’entrée des villes ny villages, et faut importuner de demander jusques à neuf fois ; et, passans sur les chaussées des estangs où il y a moulins, il ne faut passer qu’une partie sur la chaussée, et les autres derrière le moulin, parce qu’il se presente une infinité de beaux effets, tant aux maisons escartées qu’ailleurs : car, s’il n’y a qu’un chien, il ne pourra mordre ceux de l’autre costé de la maison. S’il y a quelques hardes quand on donnera l’aumosne, de l’autre costé l’on subre, c’est-à-dire attrape.

Il est de besoin d’avoir la bezasse pleine de cornes emplies de graisse, accommodées ainsi qu’il faut pour faire taire les chiens la nuict.

Nostre general avoit un nepveu qu’il desiroit avancer, et de vray luy avoit bien augmenté la creance entre nous, et le faisoit changer de condition sans rien payer, pour l’auctorité qu’il avoit ; et, passant un soir auprès d’un gibet, la vigile d’une foire de Nyort en Poictou, où y avoit trois penduz nouveaux, nostre chef faict ferme auprès, et fismes du feu, faisans feinte de camper, et repeumes environ deux heures de nuict. J’avise mon cagou, qui tire de sa bezasse quatre tirefons et une grande boëste, et nous meine au pied du gibet ; et moy, estonné, les cheveux me levoient en la teste de frayeur. Il pose l’un de ces tirefons contre un des pilliers, qui estoit de bois, appelle ce nepveu