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discours, et tu payeras un rusquin ; je te les diray toutes et tu choisiras.

5. Biez sur le franc mitou, c’est d’estre malade à bon escient : tu es sain, tu ne sçaurais y bier ; ceux-là sont privilegiez, ils recognoissent seulement le grand coesre et prennent passeport, dont ils payent cinq ronds ; cela vault beaucoup au chef.

6. Biez sur le toutime, c’est aller à toutes intentions et avoir tant de jugement et dexterité, se contrefaire du franc mitou, du rufle, de l’anticle, et de la foigne ; bref, s’aider de tout. Mais, en bonne foy, il n’y en a guères, et aussi les places sont prinses, et aussi tu es trop sot. Va, tu marcheras sur l’anticle ; au reste, si tu es si osé d’aller sur autre intention sans le faire savoir à ton cagou, je t’en feray punir, comme verrez tantost ce compagnon là que voyez lié, et advoueray la prise bonne de vostre equippage, tant argent qu’autres choses. Vous promettez sur vostre foy ; levez vostre main gauche (c’est une erreur que les cours de parlement font lever la droicte, c’est celle de quoy nous torchons le cul, et tuons les hommes, et faisons tous les maux ; la main gauche est la prochaine du cœur, c’est la main honneste), et, sur la vie, ne declarez le secret.

Faictes comme avez veu ces autres, et de main en main tous les nouveaux passèrent. Les anciens, d’un autre costé, rendoient compte au receveur Brissart, et à la mille du coesre, tant des devalizez que des deniers ordinaires. Je diray, avec verité, que de cinquante ou soixante gueuz qu’il y avoit en la troupe, fut receut trois cens escuz.