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morfe, il a limé en ternatique et gournitique, et son an ja passé d’enterver. Lors ils me appellent et me font descouvrir, et devant tous me font lever la main, et sur la foy que j’avois pour l’heure, jurer que je ne déclarerois point le secret aux petits mercelots, qu’ils ne payassent comme moy16, et me presentent un baston à deux bouts et une balle, voir si je mettrois bien ma balle sur le dos, me deffendre des chiens d’une main, et de l’autre mettre


parti de cette curieuse particularité dans sa comédie des Fourberies de Cartouche. Un jeune homme se présente pour être enrôlé : « Où avez-vous servi ? lui dit le voleur. — Deux mois chez un procureur, six mois chez un inspecteur de police. — Tout ce temps vous comptera comme si vous aviez servi dans ma troupe. »

16. Les chefs faisoient bonne justice de ceux qui manquoient à leur serment. Montaigne a dit (liv. XIII, ch. 13) que les gueux, de son temps, « avoient leurs dignitez et ordres politiques ». Il eût pu ajouter qu’ils avoient leur police, et fort bien faite même. « Le jeudy 3 septembre 1609, dit l’Estoille, un des principaux officiers de la justice de MM. les voleurs et couppes-bourse de Paris, qu’ils avoient établie et exerçoient vers le Porte au Foin, condamnans les uns à l’amende, les autres au fouet et les autres à la mort (qui estoit de les poignarder et jetter à la rivière), ayant esté descouvert et attrapé par le prevost Defunctis…, fust pendu et estranglé en la ditte place du Porte au Foin… » Huit jours après il dit encore : « Le jeudy 10 furent pendus et estranglez, en la place du Porte au Foin, à Paris, le procureur et l’avocat du roy en la Cour des couppe-bourses et voleurs. Ils avoient un grand et petit basteau pour l’exercice de leur brigande justice. Là se tenoient les plaids et audiances en l’ung ; et en l’aultre estoient prononcés et exécutés leurs arrests, sentences